jeudi 26 novembre 2009

CALIGULA - L'Intellectuel francais

Bernard-Henri Lévy (sur RTL ce matin):
"C'est la moindre des choses qu'il ait été sorti de cette geôle où il était sans aucune raison. Et encore, bracelet électronique, franchement quelle humiliation ! Comme s'il était un criminel dangereux, comme s'il représentait une menace pour la société ! (...) Très peu (de cinéastes) se sont mobilisés (en faveur de Polanski). La plupart des collègues de Polanski aux Etats-Unis sont aux abris. En France, j'ai lancé la première pétition avec Pascal Bruckner, avec Isabelle Adjani, avec Milan Kundera. On n'était pas nombreux, on a eu très peu de signatures. Il n'y a pas eu de mobilisation corporatiste du tout et, en revanche, c'est parce que Polanski était célèbre qu'il a été poursuivi".

Cher BHL...

Content de retrouver le visiteur de charniers en chemise Charvet aupres d'un des grands combats qu’il merite! Encore une belle poussee de bouche molle a peine sorti de son bel appartement Boulevard St Germain, que celle-ci!

Au moins, quand il se bat contre l’injustice d’un Polanski foutu en taule (sur l’instruction d une justice americaine qu il encensait dans l un de ses torchons precedents ou il se revait en Tocqueville) grace a la collaboration des Suisses (ces mots accoles ont une certaine familiarite piquante et teintee de "deja-vu" comme disent les Britons), il ne nous rebat pas les oreilles de ses grands airs de Lamartine gainé Hermes, exhibant sa moue du fat et son oeil mouille d'orgueil et de pretention qu'une trop grande proximite du pouvoir et de ses serviles servitudes a bel et bien fini par lui apporter sur le plateau cisele des vieilles courtisanes faites marquises.

Mais ou sommes-nous donc descendus pour meriter de tels "Intellectuels"? Je n'ose meme plus imaginer qu'il s'agit la du Purgatoire de la Pensee tant j'y sens l'Enfer de la Mort du Sens. Ce ne serait pas si grave de constater tant de vacuite dans l'esprit critique et libertaire de nos "Intellos a la Francaise", un rire cher a Bergson serait le bienvenu. Que faire de la kyrielle des tueurs de Sens? Comment les occuper pour ne pas les voir debiter leurs platitudes et enkyster le debat public dans la lenifiance la plus absolue ou au mieux, dans ce "politiquement correct" qui guide tout bon roquet du pouvoir? De la reponse dependra sans doute une bonne partie de la survie des societes "liberales" (hehehe) ou je peux encore ecrire ce que j'ecris sans m'inquieter d'etre poursuivi par une chienne de garde, un vautour courtisan a la solde elyseenne ou quelconque preux defenseur des "droits de chacun" y compris et surtout celui d'etre un imbecile.

Allez...quelques mots glanes au detour d'une page (emprunt fait de l'expression touriste a chemise Charvet): "Cette société maudite crevait de sa base et pourrissait au sommet. Cette « élite » n’était plus ainsi qu’un amas adipeux corrompu jusqu'à la moelle de « parvenus » prostitués aux splendeurs onanistes du système. Finis les éclaireurs de l’esprit ! Disparus les apporteurs de Sens ! Ne nous restait plus que ce touriste de charniers à chemise Charvet pour produire régulièrement la déjection littéraire ou journalistique permettant au système d’organiser son autocritique par ceux-là même qui en jouissaient le plus. Oui, les BHL et consorts comme clystère de la construction idéelle de notre bonne matrice ! Voilà ce qu’était cette « élite » que je croisais d’ailleurs fort régulièrement, et le reste n’était que vers tordus, mourant de ne pas suffisamment exhiber leur cul. Que ce soit chez les Fogiel et disciples anencéphales, ces petites ordures bouffies de haine, confondant leur « mission » critique avec le jappement du rotweiller castré, chez les Ruquier et sa troupe de saltimbanques de fin de banquet pour déficients mentaux, chez les Nauleau ratés, tous enkystés de nullité télévisuelle. Tous confondaient en bonnes escarres de la culture post socialiste en train de crever, critique et méchanceté gratuite, dénonciation et calomnie, analyse et verbalisation de leurs petits egos minables, de leurs envies médiocres, de leur anormalité de zéro passant pour classique. Et tous imposaient leur triomphe à la masse moutonnière ne demandant plus qu’à se repaître d’idiotes siliconées, de maquereaux androgynes, d’argent débilement « gagné », heureux sans conscience de voir mourir toute beauté et satisfaits de la lie fangeuse dans laquelle le système les faisait patauger."

Laissons le errer vers les contrees helvetes pendant ce temps la il ne pollue pas le Vide du debat intellectuel en France par ses gloses ineptes de bouffeur d’œufs de lumpe sous les ors des ministeres ou il proclame a l’Envi son independance d’intellectuel de mes deuze.

vendredi 20 novembre 2009

ZENON - Sympathique extrémiste

Qui est Olivier Besancenot, le porte-parole du Nouveau parti anticapitaliste ?

Enfant de la région parisienne, il rejoint à l’age de 14 ans la Ligue Communiste Révolutionnaire qui se définit comme trotskyste antistalinienne. Tout un programme. Nous sommes à la fin des années 1980, à l’est un mur s’effondre ce qui lui font vivre un moment d’espoir, vite déçu par le succès de la restauration capitaliste. Depuis 1997, Olivier est postier dans les Hauts-de-Seine, idéal pour cultiver le contraste entre ses fonctions avec les personnes qu’il dessert. Olivier prend du grade à la LCR. EN 2002 il devient porte-parole de la LCR, se présente aux elections présidenielles la même année et cinq ans plus tard où il recueille respectivement 1,2 et 1,5 millions de voix. Coté privé, on reste très discret. Un temps compagnon de la fille de Krivine, ancien leader de la LCR, il vit aujourd’hui avec une directrice d’édition et il a un enfant.

Olivier Besancenot, porte parole de la LCR.

Il a une jolie gueule et du verbe. Il soutient et prêche la Révolution pour en finir avec le capitalisme et instaurer une démocratie directe et égalitaire. Son modèle de Révolution ? 1917 et les révolutions Sud-Américaines. Son modèle de régime ? La Commune de Paris. Son personnage à la figure d’ange qui professe un discours révolutionnaire ferait penser à un Saint-Just. Jeune révolutionnaire acolyte de Robespierre, il se distingue par son intransigeance sous la Terreur : « La force n'a ni droit ni raison, mais il peut être impossible de s'en passer pour faire respecter le droit et la raison »…

Au dernier baromètre IPSOS d’Octobre 2009, il est la 10e personnalité préférée des français avec 46% d’opinion favorable. Au-delà de la conjoncture et des contingences politiques, qu’est ce qui explique cette popularité pour un personnage radical ?

Tout d’abord il maitrise sa communication avec talent en conciliant un paradoxe inhérent à la gauche radicale ; il est un personnage extrémiste crédible. Il ne professe pas d’idéologie mais rappelle des principes, ce qui le distingue de ses ainées et leurs utopies. De plus, il se bat sur des sujets concrets et variés; du changement de statut de la Poste au CPE en passant par l’Europe, qui le font participer au débat public quotidien. Enfin il est postier, discret père de famille, habite dans un quartier populaire du 18e, bref un homme de la base qui défend la base. Cette sincérité dénote avec le reste de l’échiquier politique. Au-delà de sa crédibilité, il y a la manière de parler. Il s’exprime bien, un langage clair et structuré parfois ponctué de gros mots (« putain ! », « c’est dégueulasse ! ») qui véhiculent une colère légitime et humaine face aux injustices du monde.

Bref on peut ne pas être d’accord avec sa posture révolutionnaire tout en appréciant le personnage ; redoutable équation médiatique !

Voilà pour le personnage, la matrice et la posture. En ce qui concerne la révolution qu’il conduirait et les mesures qu’il mettrait en place, on ne sait pas véritablement ce que cela donnerait. Et il n’y a rien de rassurant. « La force n'a ni droit ni raison, mais il peut être impossible de s'en passer pour faire respecter le droit et la raison »…

mercredi 18 novembre 2009

Etenraku 越天楽 par Ferdinand

Je veux vous faire découvrir une émotion.
Gagaku est le nom de la musique traditionnelle japonaise qui était jouée notamment à la cour de Heian (ancien nom de Kyoto). Elle vient de Chine, comme la quasi-intégralité de la musique japonaise.

Qu'importe.

Ce qui ressort de cette écoute est tout d'abord sa folle modernité, si l'on place ce morceau sur une échelle occidentale.
On a l'impression d'entendre une oeuvre de Messiaen, des rythmes de Stravinsky, des longueurs d'Arvo Part, des couleurs debussystes.

une nouvelle fois, qu'importe.

cette musique évoque le chant des pierres la nuit, sous un vent glacé.
le bruit des étoiles et les mélodies de l'ombre.
C'est un monde de vents, de silences et de replis obscurs.
où il n'est plus besoin de penser, mais se laisser porter, emmener vers des ailleurs que l'on ne connaît pas.

le temps n'a plus vraiment d'importance, c'est pour cela que cela me rappelle Messiaen. Ces quelques notes pour nous rappeler que le temps ne se compte pas de manière régulière, qu'il est naturellement disloqué, mouvant, rampant, fuyant parfois, statique à d'autres moments, linéaire certainement pas.

musique de procession, de cérémonie sûrement. et pourtant il y a quelque chose d'enfantin, de rond, virevoltant. Grave et insolent à la fois.

je sais en avoir trop dit déjà.

mardi 17 novembre 2009

CALIGULA - Insondable

http://www.lefigaro.fr/politique/2009/11/17/01002-20091117ARTFIG00497-sondages-de-l-elysee-pas-de-commission-d-enquete-.php

Meme le Figaro dont le niveau d'independance est proportionnel a la qualite recente (alors que j'ai moi-meme appris a lire sur le Carnet, on ne peut reellement me taxer de partialite ou de biais partisan) en a parle! C'est dire!

Cette histoire des sondages me rappelle d'autres grandes joliesses ayant emaille les arriere-cours elyseennes comme l'affaire des decorations, les diamants de l'amant de la Princesse de Cardiff ou les riches heures de la Mitterrandie. Avec la meme cupidite, la meme petitesse dans la dissimulation, la meme godemichisation des institutions, les memes lappements du petit personnel du pouvoir (les Coppé, Lefebvre et consorts attendant impavides avec la meme veulerie que les bouffons de Cour le moyen de justifier leur insignifiance), le meme travestissement du "Bien Public".

Pour le bien de la Constitution (hi hi hi hi), de la perenite des institutions (he he he he), de la grandeur de la France (oh oh oh oh), de la noblesse du Droit (HA HA HA HA), on decrete qu'il ne faut pas aller farfouiller dans les ecuries d'Augias! "Le Parlement doit tenir sa place", le "President est penalement irresponsable durant son mandat". Mais qui a parle de l'accuser penalement? Craint-on a ce point des retombees judiciaires? Y a t il risque de decouvrir faute quelconque penalement reprehensible? C'est aller vite en besogne que de brandir l'article 67 pour empecher toute procedure.

Et le Grand Conseil des Oenuques d'approuver car apres tout on fait bien annuler un vote parceque Jean Francois Lamour a declare (a peu pres) "ben je m ai trompe avec le bouton, "oui" ca ressemble vachement au "non" faut dire" et puis c'est mal foutu les deux boutons y sont a cote dis " (en meme temps quand on n'a que des sabreurs pour s'escrimer dans les ministeres, il faut vite appeler de ses voeux le prompt renfort des ceintures noires) lors du vote sur la Taxe Additionnelle des Banques en Octobre dernier! Le Parlement! Mais qu'est devenu le Parlement si ce n'est la porte arriere du Harem! Un bon gros labrador castre!

Noter qu'avec l'Opposition actuelle il faudrait vraiment etre debile pour ne pas se prostituer a l'executif et en cueillir les subsides et du cote executif de ne pas danser les 7 voiles face aux Oenuques! Quel plaisir ce doit etre... il ne reste que ce pauvre Ayrault pour encore pousser les hauts cris. Il faut dire que tous les autres sont bien trop occupes a teter le membre mou du pouvoir: Lang! (je l'aime bien celui-la, il est formidable d'ubiquite), Besson! (avec des militants PS et des amis comme lui je crois encore preferer parler vertu de la decolonisation avec d'anciens OAS du 7eme arrondissement) Mitterrand !(le Petit- enfin je m'entends...) Quant aux autres je crois qu'ils n'ont plus envie et preferent jouir de la superbe vue sur Seine de leurs appartements a dorures (Fabius un jour, Fabius toujours!) ou se contenter d'un echangisme bourgeois...entre Martine et Segolene (en meme temps qui n'hesiterait pas? Epinards ou Salsifis? Cervelas ou Tripes? Megane ou BX? Ostende ou Le Creusot?).

Bref, pour en revenir a cette jolie histoire des sondages et les barrages innocents de l'executif...Je ne veux meme pas savoir s'il y a eu enrichissement personnel ou autre malversation a la limite cela m'importe peu, le mal est fait et la presomption d'innocence principe clef de notre pauvre Republique qui tapine de plus en plus du cote du pathetique n'a pas besoin de ces supputations, non, le seul chiffre suivant me repugne: 392,228EUR. 392,228EUR payes a Opinion Way pour des sondages. Comparaison est vertu des Sages...pour memoire histoire de rigoler un peu, les frais de bouche des Chirac a la Mairie de Paris furent chiffres a 14mm de francs de 1987 a 1995. Soit peu ou prou 267,176EUR par an. Voici l'insondable verite: nourrir l'ego de la Presidence coute 46.81% de plus que remplir le bidon ou autre d'un candidat a la Presidentielle a l'epoque. Ce doit etre l'inflation. Allez je me casse car ces comparaisons prouvent indubitablement que je deviens un "pov'con".

lundi 16 novembre 2009

ZENON - Marie Chantal dans la manif

Connaissez-vous René de Obaldia ?
Il est un dramaturge Français, né en 1918, qui a travaillé avec Jouvet, Vilar et Barsacq, a écrit de nombreuses pièces jouées dans les années 70 et 80, et est membre de l'Académie Française depuis 1999.

Une de ses pièces, Les Bons Bourgeois, raconte l'histoire d'une famille bien établie pendant des événements qui rappellent Mai 68. Le texte mêle un style classique en vers avec des références contemporaines... rendant le tout assez savoureux.

Extrait: Dorothée, mère de famille à la fois très bcbg et un peu flinguée, arrive sur scène et raconte à ses enfants ses aventures lorsqu'elle est prise dans la manifestation


Scène XI

Arrive Dorothée, dans un grand déploiement d'étoffes, suivie de Philomène.


Dorothée - Quelle aventure !
Elle s'affale dans un fauteuil
Prise dans la manif !
Benoit - Vous étiez en voiture? !
Dorothée - Oui; des voyous voulaient soulever mon capot
En criant dans la vitre: on te fera la peau !
Alors, j'ai mis les gaz - tout en restant sur place
Aucun n'osa toucher à mon joint de culasse
Benoit - Rien de tel, en ces cas, que flegme, fermeté
Philomène - Souvent le collectif tourne au précipité
Dorothée - mais le flot grandissait; des hommes et des femmes
Brandissaient des panneaux, d'autres des oriflammes,
Mâles au teint foncés: Corses, Bretons, Afghans,
Qui scandent avec foi de farouches slogans.
Et je ne pouvais rien, recluse sur mon siège,
Que de voir défiler le venimeux cortège.
De jeunes gens blafards marchaient à reculons.
Un de ceux-ci, soudain, baissant son pantalon,
Me découvrit son cul. Je ne pipe, ne bouge.
Mais ce cul, mes enfants, était peint. Peint en rouge !
Philomène - le message parfois passe plus bas
Afin qu'il soit lisible aux masses et aux médias.
[...]
Dorothée - Je n'ai point succombé par bonheur au vertige.
Droite suis demeurée, intacte sur ma tige,
Les mains ne lâchant point le cuir de mon volant.
Puis j'entends un galop souterrain, affolant,
Tandis qu'au ciel luisant tourne un hélicoptère
Qui vrombit - l'on croirait un gros lépidoptère.
Et voici tout à coup une horde de flics
Qui boute, avec entrain, ma horde de Moujiks!
Et ce ne sont que cris, que jurons, jets de pierres.
Bottés, casqués, dotés de tombantes visières,
Boucliers plexiglas, ripostent les martiens.
Dans ce brouillard, Dieu reconnait les siens !
Je vois se profiler des ombres disparates
Qui tombent sous le coup de savantes matraques.
Enfin la route est libre: un étrange désert!
Lors, je fonce en tirant à fond sur le starter,
J'évite un rescapé, je mets toute la gomme
(le moteur, quelque fois, vient au secours de l'homme)
Et laisse à leur destin les mecs et leurs nanas.
Je prendrais volontiers un jus d'ananas.

vendredi 13 novembre 2009

ZENON - D'Afrique

Loin de nos fréquences FM à grande écoute, Habib Koité est une perle musicale, star des festivals world music européens et américains.

Ma chanson préférée, Baro, issue de l'album éponyme.


Une autre chanson, Sinama Denw.







jeudi 12 novembre 2009

ZENON - Le Fou et la Venus

Quelle admirable journée ! Le vaste parc se pâme sous l'oeil brûlant du soleil, comme la jeunesse sous la domination de l'Amour.

L'extase universelle des choses ne s'exprime par aucun bruit; les eaux elles-mêmes sont comme endormies. Bien différentes des fêtes humaines, c'est ici une orgie silencieuse.

On dirait qu'une lumière toujours croissante fait de plus en plus étinceler les objets ; que les fleurs excitées brûlent du désir de rivaliser avec l'azur du ciel par l'énergie de leurs couleurs, et que la chaleur, rendant visibles les parfums, les fait monter vers l'astre, comme des fumées.

Cependant, dans cette jouissance universelle, j'ai aperçu un être affligé.

Aux pieds d'une colossale Vénus, un de ces fous artificiels, un de ces bouffons volontaires chargés de faire rire les rois quand le Remords ou l'Ennui les obsède, affublé d'un costume éclatant et ridicule, coiffé de cornes et de sornettes, tout ramassé contre le piédestal, lève des yeux pleins de larmes vers l'immortelle déesse.

Et ses yeux disent : "Je suis le dernier et le plus solitaire des humains, privé d'amour et d'amitié, et bien inférieur en cela au plus imparfait des animaux. Cependant je suis fait, moi aussi, pour comprendre et sentir l'immortelle beauté ! Ah ! déesse ! Ayez pitié de ma tristesse et de mon délire."

Mais l'implacable Vénus regarde au loin je ne sais quoi avec ses yeux de marbre.


Charles Baudelaire, Petits poèmes en prose

mercredi 11 novembre 2009

CALIGULA - De Saint Saens a Muse

Je me souviens parfaitement de cet apres-midi ecrasé de chaleur sous le grand érable d'un courtyard dans le Connecticut. Les feuilles commencaient a jaunir, le vent léger tiédissait a peine le grand ciel bleu étrange, immense, infini au dessus-de moi dormant a moitie. C'était en 2001, avant les Tours, avant la chute, avant la fin du monde, avant la Fin tout court. Les écouteurs d'un Mini Disc antique et abimé fichés dans les oreilles, le coeur en bandouliere, frissonnant aux odeurs de feuilles, de gazon fraichement tondu, de vieux livre aussi...et c'est alors que les premieres douceurs du violon commencerent. 12 fois trois caresses de notes, 12 fois trois froufrous déposés sur la partition et la voix de Callas comme emportée a son tour par l'océan de calme soulevé par la musique, "Mon Coeur s'ouvre a ta voix", une supplique comme embarquée de loin en loin sur l'onde délicate de cette mer de lyrisme, une complainte tombée du ciel; puis repartant sur le flux de la ligne musicale, rejoint alors je ne sais quel instrument et l'on échoue sur les blés immenses, ceux prés de Capoue que le vent de Juillet secoue avec douceur dans ce ressac sans fin qui rythme l’univers, au-delà de tout, le corps éperdu mais déjà à demi transformé en esprit, à demi passé de l’autre côté, en fait plus vivant que jamais.
"La fleche est moins rapide a porter le trepas que ne l'est ton amante a voler dans tes bras", puis remonte la tension, et l'abandon enfin au gré de cette voix unique, du génie de Saint-Saens, et de tout ce qui au crépuscule du morceau, finit par s'éclairer du jour nouveau de la Beauté.

En depit des snobs, des sots, des imbéciles, des thuriféraires du gout admis et des journalistes, Saint Saens est un immense compositeur d'opéra.
http://www.youtube.com/watch?v=9piRiiZ0C4Q&NR=1
http://www.youtube.com/watch?v=qvBOaaFGtwU
Et Muse, dans leur dernier album Resistance offre un "I belong to you" en guise de preuve. A ecouter d'urgence.

samedi 7 novembre 2009

Ferdinand - Ma façon d'écrire, c'est d'écrire.

Leur façon d'agir, c'est d'commenter, c'est nécessaire. Ma façon d'agir, c'est d'agir. C'est indispensable. (nicolas sarkozy)

Il n’est pas utile de s’attarder sur le phrasé plat et lourdaud. A une époque où slogans publicitaires et techniques littéraires sont confondus, cette phrase ne fait pas tache.

Son contenu.

Quel crime odieux avons nous commis pour être dirigés par un abruti de la sorte ?

L’action, comme seul argument politique, le mouvement comme unique leitmotiv.

Je bouge donc je suis. Je gesticule donc je pense.

Ce n’est pas nouveau. C’est le cœur de son discours depuis des années, tout comme le changement est au cœur de la quasi totalité des discours politiques. Changer quoi, pour qui et comment ?

Les gueules de bois post élections sont souvent le fait non pas d’une mauvaise politique ou d’une mauvaise gestion, mais je crois plutôt une prise de conscience que le changement tant attendu est en chacun. On pense pendant quelques instants qu’un type dans le nom était inscrit sur un bulletin va changer notre quotidien ou améliorer les « choses ». Mais si l’on se posait la question « quelles étaient mes attentes en votant pour tel ou tel », la réponse serait probablement dans l’absence de réponse.

Ce ne sont pas les politiciens que je ne comprends pas. Ce sont les gens qui continuent à voter.

Ma façon d’agir, c’est d’agir.

Il doit encore y avoir des gens qui pensent pouvoir influencer le cours du monde et la couleur des feuilles en automne.

Il y a quelques années, au théâtre de la gaîté Montparnasse, j’avais eu la chance de voir Lucchini sur scène. Il récitait des textes, avec son immense talent. Entre quelques lectures, il digressait un peu, évoquant l’actualité ou le passé. Il a cité cette phrase admirable qui s’applique trop bien à notre président à la démarche vulgaire. C’est de Paul Valéry (le père à François, probablement).

« Que de choses il faut ignorer pour agir ».

Je vous souhaite beaucoup de spiritualité et de longs moments d’inaction.

vendredi 6 novembre 2009

ZENON: Découvrir Yourcenar

Marguerite de Crayencour, dite Marguerite Yourcenar (1903-1987)

Immense. A mes yeux l'un des plus grands auteurs du XXe siècle qui a sondé l'âme humaine et les vertiges de l'humanisme avec talent et profondeur. Ses deux grandes œuvres sont les Mémoires d'Hadrien et l'Œuvre au Noir.

Les Mémoires d'Hadrien sont un roman historique publié en 1951 qui raconte l'autobiographie imaginée de l'empereur romain Hadrien. Méditant à la fin de sa vie, il relate à son petit fils adoptif Marcus Aelius Aurelius Verus et futur empereur Marc-Aurèle, les principaux événements de son existence.
A l'origine de son livre, Marguerite Yourcenar le mentionne dans ses Carnets, une phrase de Gustave Flaubert qui annonce la dimension du livre: "« Les dieux n'étant plus et le Christ n'étant pas encore, il y a eu, de Cicéron à Marc Aurèle, un moment unique où l'homme seul a été »

L'Œuvre au Noir fait écho aux Mémoires en racontant l'itinéraire européen d'un humaniste persécuté au XVIè siècle. Là aussi Marguerite Yourcenar nous emmène dans une époque où l'homme redevient le centre du monde, se relève face à Dieu pour devenir la référence philosophique, métrique et scientifique. Cependant cette révolution intellectuelle n'empêche pas au héros d'être persécuté pour ses écrits, ses mœurs et ses conclusions scientifiques sur la nature et le fonctionnement du corps humain. Publié en 1968, il reçoit le prix Femina et ouvre treize ans plus tard les portes de l'Académie française à sa première Immortelle.

Bien entendu, l'œuvre de Yourcenar, et nous y reviendrons, dépasse largement le cadre de ces deux romans. Mais si on ne devait en lire que deux, je les conseillerais. Ce qui m'a le plus touché, au delà de leur dimension philosophique, est l'écriture juste, heurtée et savante qui décrit les convulsions de l'âme humaine avec pudeur, sans viol ni pathos, pour mieux nous présenter un miroir de notre propre condition.

ZENON: le cours de l'histoire

Les images de la chute du mur de Berlin sont saisissantes, presque émouvantes, lorsqu'on regarde l'enthousiasme et la détermination d'un peuple à s'approprier son destin. Ce temps parait si loin. Ces images seraient en Noir et blanc que ça ne choquerait personne.

On disait qu'un nouvel ordre mondial émergerait sur les ruines de la guerre froide, que la fin de l'histoire approchait, celle de l'émancipation des peuples et de la généralisation de la démocratie. D'autres ont anticipé un choc des civilisations dans un monde structuré par des blocs culturels plus ou moins homogènes.
20 ans après... On mesure les illusions de cette époque. On vit dans un désordre mondial que beaucoup voient courir à sa perte dans une fuite en avant incontrôlable: la menace écologique, la poudrière pakistanaise, les déséquilibres sociaux et la dette des pays occidentaux, l'ascension fulgurante du partenaire chinois et une menace terroriste insaisissable constituent les principaux facteurs d'instabilité qui jouent l'avenir du monde.... facteurs qu'on n'anticipait peu (la chine, l'écologie) ou pas il y a 20 ans.
20 ans après... on mesure également les progrès techniques accomplis grâce à la troisième révolution industrielle qui s'articule autour de la digitalisation et de la communication. La première permet de transformer le texte, la musique et l'image en format numérique qui contient une bibliothèque dans une puce, la seconde permet de la transférer quasi instantanément entre deux points où qu'ils soient situés sur le globe.

C'est un lieu commun de dire que l'histoire s'accélère... mais le souvenir de la chute du mur nous en fait prendre conscience avec encore plus de force.

jeudi 5 novembre 2009

CALIGULA - The sound of music

Un nouvel asteroide a decouvrir d'urgence:
Royksopp
"What else is there?"

Et en plus elle est superbe...

CALIGULA: En pensant a Goldman...

Probablement l'un des articles les plus edifiants sur la crise financiere actuelle:

THE GREAT AMERICAN BUBBLE MACHINE

From tech stocks to high gas prices, Goldman Sachs has engineered every major market manipulation since the Great Depression - and they're about to do it again

By MATT TAIBBI
ROLLING STONE MAGAZINE. JULY 9-23, 2009

http://sites.google.com/site/disclosuredelta/

CALIGULA - Glané au détour d'une page

« Humains d’aujourd’hui, vous n’avez pas échappé au dard vénéneux du Malin en vos âmes prostituées à la consommation immédiate d’un plaisir strictement jouissif et vain. Le système capitaliste vous a corrompus jusqu’à la dernière particule de vos esprits plus qu’anesthésiés par le besoin omniprésent et omnipotent de satisfaire l’envie consubstantielle à votre nature prétentieuse et dévorée d’orgueil. Dites vous bien qu’en vos petites vies étriquées cornées de concupiscence et de convoitise pour le bien d’autrui, le système a triomphé de la moindre trace de liberté chèrement acquise depuis des siècles. Et vos âmes froides comme la mort, toutes entières dévotes à la consommation immédiate et dans l’instant de plaisirs créés de toutes pièces pour satisfaire votre soif inextinguible de divertissement, ne prennent même plus conscience de l’incontournable beauté même de la salvation.

Pendant des millénaires, le pouvoir aristocratique a instauré la censure interdisant vos pulsions fangeuses de remonter à la surface sociale et de troubler l’ordre en place, organisé pour vous, incapables que vous êtes de ne pas vous entredéchirer sans cela. Il vous entretenait dans le postulat politique directement hérité de Dieu d’une tension permanente vers un mieux, aidé par les valeurs nobles qui prétendaient vous gouverner, à savoir l’honneur, la Bonté altruiste, la négation de la lâcheté et le refus du stupre fangeux, la pénible réflexion contre la réaction idiote et violente, l’élégance et la grâce d’une culture hissée au panthéon de la grandeur humaine contre vos traditions fantasques et régressives. La finesse et la délicatesse contre l’épaisseur de vos âmes frustes.

L’illusion égalitariste moderne vous confinait alors en martyres de l’idéologie de lutte, dans le postulat marxien traditionnel de l’embryon avorté incapable de se développer car empêché par l’oppression extérieure des classes dominantes. Ô il en a été ainsi c’est certain et assez prématurément ce qui a signé la mort même d’un système aristocratique de plus en plus miné par vos remugles bourgeois. Mais comment pouvait-il donc en être autrement ? Vous vouliez le pouvoir mais incapables de s’en servir, à quoi cela aurait-il mené ? Exactement à ce que nous vivons aujourd’hui. La bourgeoisie du 19ème siècle, bien plus intelligente et maligne que l’aristocratie traditionnelle, minée par les siècles de consanguinité et l’abrutissement quotidien de la vie de Cour a pris le pas politique sur les élites anciennes, non en instaurant plus de droits ou d’égalité qu’auparavant, loin de là. Le paysan du Perche a continué à violer ses filles impubères et à battre sa femme jusqu’à lui exploser le crâne, l’autre à boire comme un trou les maigres deniers accumulés au labeur. Mais bien plus sûrement en vous apportant un opium bien plus fort et puissant que Dieu : l’argent. L’argent partout, pour tout, vecteur de tout. Ce n’est peut être pas un hasard si la noblesse en a toujours fait un tabou sacré. Ne jamais parler d’argent comme on ne parle pas du Diable car c’est en incarner l’essence.

Cette régression partout, toujours, vous n’en êtes pas seuls responsables. Il y a à l’œuvre dans mon monde les forces les plus primaires de la chute. Le débat se cristallise autour de dogmes antiques hérités des temps les plus obscurs de l Histoire humaine. À l’heure de l’avènement matriciel de la machine et de la primauté de la Techné, les hommes se recentrent sur ce que leur nature corruptible avait donné de plus affreux : les massacres en série , les génocides les plus abominables, les crimes les plus insoutenables, ceux remontant aux Croisades ou aux razzias des Hachichins, laissant la trace infecte du sang séché sur les murs de l’Histoire jusqu’aux charniers du Darfour, en passant bien évidemment par les Shoas cataclysmiques du 20ème siècle. Et tous les soirs à 20 heures, de grasses poupées gonflables suant le détachement et la froideur des bourreaux, donnent à bouffer à la masse de mon monde les corps crevés de soif et desséchés par la faim, les os prêt à se briser sous le marteau des assassins n’ayant plus de chairs à déchirer de leurs machettes émoussées, et ce spectacle des mères au sein tari laissant leur fœtus né déjà cadavre tentant de glapir sans force une dernière goutte depuis longtemps disparue, ce spectacle indicible du Mal en puissance, sous ce ciel de titane écrasant de soleil… et le gros homme bouffi pouvait alors zapper sur un jeu télévisé où de célèbres maquereaux s’en donnaient de tout cœur à prostituer le reste de Sens de la vie de mon monde. »

mardi 3 novembre 2009

Je suis et serai COSIMO

D'or à six tourteaux mis en orle, cinq de gueules, celui en chef d'azur chargé de trois fleurs de lis d'or.
Grand précurseur dans l'art du maniement gouvernemental, mon point de vue permettra d'apprécier les manoeuvres grossières des tenanciers modernes.
Je suis fan de feu Dave.